Jean Després
Souvigny, 1889 – Avallon, 1980
Avallonnais d’adoption, Jean Després a été novateur dans les domaines du bijou et de l’orfèvrerie des années 1920-1930. Artiste reconnu à Paris, il a joué un rôle important dans le développement du musée de l’Avallonnais grâce à une série de donations de ses œuvres et d’œuvres de ses amis.
“Jean Després est en passe de devenir le plus grand bijoutier, le plus grand orfèvre de France”.
Raymond Escholier (1931)
Biographie
Jean Després est issu d’une famille de verriers. En 1890, sa famille ouvre une boutique de bibelots et quincaillerie à Avallon : d’abord, au n° 27 rue de Paris, puis au n° 20 place Vauban.
À 14 ans, il commence un apprentissage chez un orfèvre parisien. En parallèle, le soir, il prend des cours de dessin et fréquente le Bateau-Lavoir, berceau du cubisme. Il y rencontre Amedeo Modigliani (1884 – 1920), Pablo Picasso (1881 – 1973), Paul Signac (1863 – 1935), Giorgio de Chirico (1888 – 1978) et, surtout, Georges Braque (1882 – 1963), qui devient son « meilleur copain ».
La Première Guerre mondiale l’amène à travailler dans l’aviation, comme dessinateur de pièces de moteur. Cette expérience influence ses créations artistiques, puisqu’il garde un intérêt esthétique pour les formes géométriques et la précision.
En 1924, de retour à Avallon, Jean Després ouvre son atelier et réalise des pièces d’orfèvrerie et de bijouterie qu’il expose dans la boutique du n° 20 place Vauban, ainsi que dans de nombreux Salons.
Il vit et travaille à Avallon jusqu’à sa mort en 1980.
Son œuvre
“Parmi la dizaine de bijoutiers — oh ! ils ne sont pas nombreux — qui cherchent à renouveler les formes et à les adapter à nos désirs nouveaux, à nos besoins de netteté, de simplicité, à utiliser enfin les matières inventées depuis quelques années, Jean Després se place au premier rang. Ses bijoux sont sobres. Il n’y a jamais de surcharges, de fioritures ni de tarabiscotages. Les pierres précieuses sont mises en valeur par d’heureuses oppositions de couleurs et de plans”.
Extrait de la revue Art et Décoration (1933)
Son travail se caractérise par le sens du volume, de la modernité et de la ligne épurée. Il privilégie des formes innovantes plutôt qu’une matière noble. Il puise son inspiration dans le modernisme et les principes artistiques de l’Art déco.
L’étain (un alliage de plomb et de cuivre), l’argent et le métal argenté sont les principales matières travaillées par Jean Després. « L’étain est noble quand la forme est belle », avait-il l’habitude de dire. En 1920, il travaille l’étain lisse et, dès 1930, il le martèle.
Les pièces d’orfèvrerie en argent sont rares : Jean Després les réalisent principalement pour des commandes ou à l’occasion d’expositions.
Jean Després
Bague rectangulaire
vers 1930
Argent et turquoise, H. 2,6 cm
Simone Delattre-Després
Simone Delattre
Les Hortensias
vers 1932
Pastel sur toile, H. 73 x l. 91,5 cm
Œuvre non exposée actuellement.
En 1936, Jean Després organise à la galerie L’Art et la Mode, l’exposition La femme et l’Art. Il y fait la connaissance de Simone Delattre (1900 – 1973), peintre et décoratrice sur tissus brodés, qu’il épousera l’année suivante.
Artiste très complète, Simone Delattre a exercé ses talents dans toutes les disciplines des arts décoratifs : décors et costumes de théâtre, pastels, fusains, haute couture…
Ses œuvres montrent un sens de l’observation aiguisé : elle reproduit très précisément aussi bien des fleurs que des fonds marins.
Amis artistes au musée de l’Avallonnais
Étienne Cournault (1891 – 1948) : Peintre et graveur, il collabore avec Jean Després entre 1930 et 1933 pour des bijoux qui seront présentés à l’exposition de l’Union pour les Arts Modernes (UAM).
Giorgio de Chirico (1888 – 1978) : De formation classique, il s’en écarte dès 1912 en jouant sur la perspective, les lignes, les formes, les couleurs et la lumière. Il est l’un des initiateurs du surréalisme, et est aussi à l’origine de la peinture métaphysique, née officiellement en 1915.
Paul Jouve (1880 – 1973) : Peintre animalier, il illustre en 1919 une édition du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling. Ses croquis et dessins s’inscrivent dans l’esprit de l’Art déco, mais font aussi écho à sa pratique de la sculpture.
Georges Braque (1882 – 1963) : Après s’être intéressé au fauvisme, il fait évoluer sa pratique artistique. En 1907, Georges Braque et Pablo Picasso créent le mouvement cubiste. Il peint beaucoup de paysage de l’Estaque, un quartier marseillais.
Jean Mayodon (1893 – 1967) : Céramiste et peintre décorateur, Jean Mayodon est originaire de Sèvres. Il est nommé conseiller artistique en 1934, puis directeur artistique en 1941, à la Manufacture de Sèvres.